La Quinzaine de la Poésie Féminine est une série d’activités virtuelles visant à valoriser la création littéraire des femmes, notamment la poésie à travers le monde. Pour ce huitième jour de ce grand festival, nous vous invitons à lire ” Entre les mains du temps ” et autres poèmes de la jeune poétesse et journaliste haïtienne Adlyne Bonhomme.
ENTRE LES MAINS DU TEMPS
Une ombre de mon visage
fut restée à la terre
donnant sur le pavé de la mort
une nuit entre les mains du temps.
Confinement
Mort
Cimetière
Talonnée la voix
Brulée l’envie de faire
du sable un poème
Liquidation
Rêve
Colère
Vivre
Habiter l’ombre
Je suis un poème
en forme d’arbres
Toujours
Plante moi dans la terre
Vos cœurs m’épargneront de la morsure
de vos mains
Parfois
porter la faim dans une main
identité de la mort
est comme un orage
qu’on pousse gratuitement
dans l’impasse des lèvres
Pourtant
sur la tombe des oubliés
des enfants s’effondrent
en portant dans leurs mains
une table nue
une table vide qui trébuche
qui ne sait pas corriger son rêve
Des enfants qu’on oublie
comme des cadavres tués
dans l’ivresse de la faim
Tournant vers le soleil
Mes bras défeuillent la mer
Voici que ma bouche reste couchée
Dans la boutonnière du vide
Parfois
Il vaut mieux être une fenêtre
Qui ignore le cri des habitudes
Adlyne Bonhomme
À PROPOS DE L’AUTEURE :
Adlyne Bonhomme est native de Petit-Goâve. Passionnée de littérature, plus particulièrement, de poésie, elle a réuni en 2017 plus d’une trentaine d’auteurs autour d’une anthologie de poésie (Ecrire pour ne pas oublier) en mémoire des victimes de l’ouragan Mathieu. Elle a fait paraître en mai 2019, marqué du sceau de la sensualité, un long poème « L’éternité des cathédrales » aux Éditions de la Rosée. Adlyne Bonhomme a publié aussi dans les revues « Le Capital des Mots », Pergola revue, Lichen et « Le Coquelicot ». Elle a participé à une anthologie de poésie à l’initiative de la mairie de Pollestre en France. Nommée du Prix Maurice Koné 2019 pour son poème « La complexité de nos mains ».