La Quinzaine de la Poésie Féminine est une série d’activités virtuelles visant à valoriser la création littéraire des femmes, notamment la poésie à travers le monde. Pour ce douzième jour de ce grand festival, nous vous donnons à lire « Transe » et autres poèmes de la jeune poétesse et nouvelliste ivoirienne Emilie Tapé.
Transe
Danse Afrique
Ta joie
Ton honneur
Ta sueur
Ton sang
Danse mama
Ton insoumission
Ta révolte
Ta colère
Tes batailles
Danse sista
Ta hargne
Ta force
Ton audace
Tes victoires
Danse femme
Ton pouvoir
Tes choix
Tes espoirs
Ta liberté
Danse
La transe des prêtresses
De la terre nourricière
Danse ton Afrique Femme !
Black out
Le noir en profil inquiète
La mort terrifie
Le deuil fait froid dans le dos
La mort est une danse de non retour
Même quand on dit du crime qu’il est
Passionnel
J’aurais dû
Tu aurais pu
Si seulement !
Si seulement j’avais envoyé chier mon silence
Complice de tous ces bleus et côtes cassées
Si seulement tu avais tourné le dos à ton indifférence
Coupable de non assistance à personne meurtrie
Si seulement vous aviez fermé la gueule de vos unions de prières
Damnées et vouées aux flammes de l’enfer !
Ne t’offusque pas de ma mort
Si tu ne t’es jamais soucié de ma sécurité
Ton indignation ne sauvera pas mon âme blessée
Si mes cris de douleurs n’ont pas percé ton oreille
Onzième commandement
Tu ne crieras point la douleur
De ton âme déchirée
Quand un adulte viole ton sang
Remets-toi en cause et ferme-la !
Quand ton cœur de mère s’affole face à ton impuissance
Toi qui aimes tant cet être sorti de ta chair
Garde-toi de montrer ton désarroi
Reste digne et tais-toi !
On a volé à ta petite fille son innocence
Ne cherche pas ce monstrueux criminel
Tu aurais dû
Voir la marque du loup sur le front de l’agneau
Le silence est d’or, vas-tu enfin la boucler ?
Ici on accule celles qui ouvrent la bouche
On lapide les victimes sur la place publique
On trucide les mères qui réclament justice
Des petites filles violées,
On prend tout ce qu’on ne leur a pas donné
À PROPOS DE L’AUTEURE :
Emilie Tapé (Tingbo) est une poétesse, écrivaine et blogueuse-sexo ivoirienne. Elle est l’auteure de « Confessions sans curé », un recueil de nouvelles paru en 2018.
L’écriture, est pour elle, un moyen de mener à bien la lutte féministe dans son pays.